Comme vous les savez une commande de piège type Robida est en cours en coopération avec le GDSA21. Après réception, vous aurez un suivi de piégeage à effectuer de manière hebdomadaire pour faire remonter les informations afin d'affiner les données sur ce type d'action.
Nous vous rappelons que les conclusions de la seule étude montrant une corrélation sur la réduction des nids dans une zone piégée à nécessité un piégeage intensif (sur les zones ciblées (59 pièges sur 3 km2) et ces résultats préliminaires (étude non publiée) sont à prendre avec prudence. En effet tout piégeage de printemps, s'il est réalisé, doit être fait avec rigueur et responsabilté car le risque pour la biodiversité est majeur (prise de gynes d'autres espèces.
Voici l'avis du Museum d'Histoire Naturelle de Paris à ce propos( mars 2023) avec le même message de prudence délivré par le Dr Calais dans les webinaires en cours sur le deuxième plan de lutte National exposé ces jours ci:
Comme à chaque printemps, de nombreux appels au piégeage des fondatrices du frelon asiatique sont fortement diffusés par voie de presse et autres réseaux. Ceci est d’autant plus fort cette année avec la parution du Plan National de Lutte des organisations sanitaires apicoles et avec l’élaboration de ses déclinaisons régionales. Nous rappelons ici que ce piégeage est déconseillé en dehors d’un cadre scientifique et devrait être limité aux ruchers fortement attaqués en 2022.
Ce plan suit et approfondit les recommandations de la note de service du Ministère de l’agriculture de 2013, ainsi que nos recommandations de lutte par piégeage estival et automnal, et celles concernant la destruction des nids. Hélas, pour le piégeage de printemps, il se base sur les résultats préliminaires d’une étude pilotée par l’ITSAP et le MNHN. Ces résultats étaient à prendre avec grande prudence, puisque les analyses statistiques n’étaient pas terminées. Surtout, ces travaux ne sont pas encore publiés, et n’ont donc pas encore passé la validation scientifique par les pairs. Comme le précisait l’ITSAP en 2021, aucun piège n’a encore été démontré suffisamment sélectif, il est donc conseillé de limiter ce piégeage à la proximité des ruchers qui ont subi des pertes l’année précédente.
Si vous voulez tout de même piéger, merci de suivre ces recommandations :
- proscrire les pièges cloches ou bouteilles, car leur sélectivité semble particulièrement mauvaise, même avec des adaptations. Favorisez les pièges dits « boite à cônes » qui permettent à plus d’insectes d’en sortir.
- privilégier un maillage régulier (tous les 350 m) à moins d’1 km de ruchers qui ont subi des pertes l’année précédente (ITSAP, 2021).
- surtout, vérifier régulièrement le contenu de vos pièges pour les retirer si vous observez trop de captures d’autres espèces (même de très petite taille). Vous pouvez nous communiquer les photos de vos contenus de pièges, avec les insectes séparés les uns des autres, et en précisant le type de piège et l’appât, via notre formulaire de signalement ou notre application INPN Espèces (pour l’identification de chaque spécimen indépendamment).
- ne pas placer les pièges à proximité de fleurs ou d’arbres attirant une grande quantité et diversité d’insectes pollinisateurs. Leur sélectivité et leur impact sur l’environnement n’en seront que plus mauvaise.
Les pièges ne sont pas sélectifs. Les campagnes massives de piégeage pourraient avoir un impact négatif sur les insectes et le bon fonctionnement des écosystèmes plus important que celui du frelon lui-même (Rome et al. 2021). Même si des efforts sont faits pour améliorer la sélectivité des pièges, ils fonctionnent aujourd’hui tous sur le même principe : un appât attirant de nombreuses espèces d’insectes combiné à un système les filtrant par leur taille (les gros n’entrent pas, les petits peuvent ressortir). Toutes les études scientifiques concernant le piégeage de printemps contre Vespa velutina, avec des pièges bouteille ou cloche, qu’ils aient des systèmes anti-noyade ou non, ont montré qu’en moyenne plus de 99% des insectes capturés concernaient d’autres espèces (Dauphin & Thomas, 2009 ; Haxaire & Villemant, 2010 ; Rome et al., 2011a ; Goldarazena et al., 2015 ; Rojas-Nossa et al. 2018 ; Rodríguez-Flores et al. 2019 ; 96% Lioy et al. 2020 ; 95% Renoux et al. 2020). Même si les insectes ressortent, le séjour, même court, dans un piège peut avoir un impact sur leur survie ou leur fécondité (excès de chaleur, humidité, etc.). Mieux vaut privilégier des pièges de type grandes boites grillagées à cônes et avec un appât inaccessible afin de réduire le nombre d’insectes non cibles tués (30% d’espèces non cibles, mais très faible taux de capture Rome, 2021). Et surtout vérifier régulièrement le contenu des pièges afin de libérer au plus vite les insectes non cibles piégés voire retirer le piège. Un moucheron, même s’il ressemble aux autres, peut appartenir à une espèce rare.
L’efficacité du piégeage de printemps n’est toujours pas démontrée. Cette espèce produit de très nombreuses femelles fondatrices (plus de 500 pour un gros nid ; Rome et al., 2015), et le printemps est la période où la mortalité des fondatrices de frelons comme de guêpes est la plus élevée, en grande partie du fait de la compétition intervenant entre individus d’une même espèce pour l’installation ou la possession d’un nid. Détruire certaines fondatrices à cette période ne ferait alors que laisser la place à d’autres (Cottam, 1948 ; Thomas, 1960 ; Gamboa, 1978 ; Edwards, 1980 ; MacDonald & Matthews, 1981 ; Bunn, 1982 ; Matsuura, 1984 ; Donovan, 1991 ; Archer, 2010 ; Archer, 2012 ; Monceau et al., 2012 ; Rome et al., 2013b). Une évaluation à large échelle de ce piégeage des fondatrices est financée par le Ministère de l’agriculture et portée par l’ITSAP. L’expérimentation a été menée dans 3 départements (Morbihan, Pyrénées-Atlantiques, Vendée) de 2016 à 2019, mais les analyses complexes sont toujours en cours. Même si des résultats préliminaires peuvent avoir été diffusés, ils sont à prendre avec prudence.
Plus de détails sont donnés dans notre page concernant la lutte.