Une large collaboration scientifique européenne a quantifié pour la première fois l’impact direct de différentes activités humaines sur les oiseaux à l’échelle du continent : les données recueillies pendant près de 40 ans montrent une perte de près d’un quart du nombre d’oiseaux sur cette période. Plus précisément, l’étude démontre l’effet négatif et prépondérant de l’intensification des pratiques agricoles. Ces travaux, dirigés par deux scientifiques du CNRS et un doctorant de l’Université de Montpellier ont impliqué des chercheurs et chercheuses du Museum national d’histoire naturelle et de nombreux pays d’Europe. Ils sont publiés dans PNAS la semaine du 15 mai 2023.
Le déclin des populations d'oiseaux en Europe est signalé depuis des décennies, mais l'effet direct des principales pressions anthropiques sur ce déclin n'était toujours pas quantifié. 170 espèces d'oiseaux communs ont été suivies sur plus de 20 000 sites dans 28 pays européens, pendant 37 ans, avec quatre pressions anthropiques répandues : l'intensification de l'agriculture, le changement de la couverture forestière, l'urbanisation et le changement de température au cours des dernières décennies.
Les auteurs constatent que l'intensification de l'agriculture, en particulier l'utilisation de pesticides et d'engrais, est la principale pression à l'origine du déclin de la plupart des populations d'oiseaux, en particulier celles qui se nourrissent d'invertébrés. Le rôle majeur des pesticides sur la disparition des insectes avait déjà été identifiée.
La prise de conscience de ces catastrophes écologiques ne semble toujours pas établie au niveau gouvernemental, en constatant des circulaires récentes de l'Office Français de la Biodiversité (OFB) demandant à leurs agents de contrôle de s'abstenir de contrôler les arboriculteurs pour vérifier qu'ils n'abusent pas de pesticides!